Recommandations relatives aux critères de qualité des huiles essentielles
l’évaluation de la sécurité des produits cosmétiques contenant des huiles essentielles
HE et produits cosmétiques
Les dispositions suivantes régissent l’emploi de certaines plantes et/ou de leurs extraits dans les produits cosmétiques à la date de la parution des présentes recommandations :
lire la suite HE et pharmacie
les médicaments à base d’HE doivent être conformes à la réglementation régissant ces médicaments. Ils doivent faire l’objet d’un enregistrement de médicament traditionnel à base de plantes.
lire la suiteHE et alimentation
l’Agence européenne du médicament, depuis novembre 2004, établit une liste communautaire de préparations à base de plantes permettant la délivrance d’enregistrement des médicaments traditionnels à base de plantes
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1. Huiles essentielles et produits cosmétiques Il n’existe pas de réglementation française concernant spécifiquement l’emploi des HE dans les produits cosmétiques. Les dispositions suivantes régissent l’emploi de certaines plantes et/ou de leurs extraits dans les produits cosmétiques à la date de la parution des présentes recommandations :
a. Arrêté du 6 février 20013 modifié
Parmi les listes de substances interdites dans les produits cosmétiques, il faut citer :
- d’une part les plantes dont l’usage est prohibé, quelle que soit leur fonction.
- d’autre part les plantes et leurs composés d’origine naturelle dont l’usage est prohibé pour une fonction
donnée comme pour les ingrédients de parfum notamment aux numéros d’ordre 423 à 451, et 1133 à
1136 4 et 5.
Ainsi, et par exemple, le méthyleugénol (n° CAS 93-15-2), est interdit dans les produits cosmétiques sauf s’il
s’agit de méthyleugénol naturellement présent dans les extraits et les HE et sous réserve que sa concentration
n’excède pas :
- 0,01 % dans les parfums fins ;
- 0,004 % dans les eaux de toilette ;
- 0,002 % dans les crèmes parfumées ;
- 0,001 % dans les produits rincés ;
- 0,0002 % dans les autres produits non rincés et les produits d’hygiène buccale.
b. Arrêté du 17 novembre 20046
En vertu des dispositions de l’article R.5131-4 9° du code de la santé publique le récipient et l’emballage de
chaque unité de produits cosmétiques doivent mentionner la liste des ingrédients dans l’ordre décroissant de
leur importance pondérale au moment de leur incorporation, précédé du mot « ingrédient ». Les parfums et les
compositions parfumantes et aromatiques et leurs matières premières sont mentionnées par le mot « parfum »
ou « aroma ».
Par ailleurs, ce même article précise que les ingrédients mentionnés au 8° doivent être déclarés sous leur
dénomination commune établie par les instances de la Commission européenne ou, à défaut, leur
dénomination chimique, leur dénomination CTFA, leur dénomination figurant dans la Pharmacopée
européenne, leur dénomination commune internationale de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), leurs
numéros Einecs, IUPAC, CAS et colour index.
Les dispositions de la directive 2003/15/CE7, pour ce qui concerne la modification de l’annexe III de la directive
76/768/CEE, ont été transposées en droit interne par l’arrêté du 17 novembre 2004 précité. Cet arrêté prévoit,
qu’à partir du 11 mars 2005, la présence de certaines substances doit être indiquée dans la liste des
ingrédients mentionnés au 8° de l’article R.5131-4 du code de la santé publique lorsque leur concentration
dépasse un certain seuil. Ces substances font partie d’une liste de 26 substances, identifiées comme
susceptibles d’entraîner des réactions allergiques de contact chez des personnes sensibilisées .
HE en pharmacie
Il faut noter enfin qu’il existe un certain nombre de recommandations concernant les substances naturelles par exemple celles de l’IFRA. Des HE et certains de leurs constituants font l’objet de restrictions quantitatives exprimées en % dans le produit cosmétique. Les adhérents de l’IFRA s’engagent à respecter le code de bons usages de l’IFRA (accessible à http://www.ifraorg.org), qui contient toutes ces interdictions, restrictions ou spécifications.
a. Huiles essentielles et médicaments
Il n’existe pas de réglementation spécifique aux HE en ce qui concerne leur utilisation dans les médicaments.
Les spécialités pharmaceutiques à base d’HE répondent à la définition du médicament à base de plantes :
« Les médicaments à base de plantes sont des médicaments dont les principes actifs sont exclusivement des
drogues végétales et/ou des préparations à base de drogue(s) végétale(s) ».
Par conséquent les médicaments à base d’HE doivent être conformes à la réglementation régissant ces
médicaments. En particulier, s’ils satisfont aux critères définis par l’ordonnance n° 2007-613 du 26 avril 2007
(Chapitre 1er, article 2), ils doivent faire l’objet d’un enregistrement de médicament traditionnel à base de
plantes.
b. Huiles essentielles et vente en l’état
Certaines HE font l’objet de restrictions de délivrance et autorisation de vente.
Le Code de la Santé Publique précise dans l’article L.4211-1 6° que « la vente au détail et toute dispensation
au public des huiles essentielles dont la liste est fixée par décret, ainsi que leurs dilutions et préparations ne
constituant ni des produits cosmétiques, ni des produits à usage ménager, ni des denrées ou boissons
alimentaires appartiennent au monopole pharmaceutique ».
Le décret N°2007-1221 du 3 août 2007 relatif à ce monopole (art. D.4211-13 du Code de la Santé Publique)
énumère une quinzaine d’HE dont il précise les noms vernaculaires et les dénominations botaniques des
plantes :
- grande absinthe (Artemisia absinthium L.) ;
- petite absinthe (Artemisia pontica L.) ;
- armoise commune (Artemisia vulgaris L.) ;
- armoise blanche (Artemisia herba alba Asso) ;
- armoise arborescente (Artemisia arborescens L.) ;
- chénopode vermifuge (Chenopodium ambrosioides L. et Chenopodium anthelminticum L.) ;
- hysope (Hyssopus officinalis L.) ;
- moutarde jonciforme (Brassica juncea [L.] Czernj. et Cosson).
- rue (Ruta graveolens L.) ;
- sabine (Juniperus sabina L.) ;
- sassafras (Sassafras albidum [Nutt.] Nees) ;
- sauge officinale (Salvia officinalis L.) ;
- tanaisie (Tanacetum vulgare L.) ;
- thuya (Thuya plicata Donn ex D. Don.) ;
- thuya du Canada ou cèdre blanc (Thuya occidentalis L.) et cèdre de Corée (Thuya Koraenensis
Nakai), dits “cèdre feuille”.
D’après l’introduction du volume I sur les plantes dans les produits cosmétiques du Conseil de l’Europe, il
ressort notamment au sujet des HE que certains pays membres considèrent les HE comme relevant du
domaine pharmaceutique. Pour d’autres, elles peuvent aussi bien être utilisées dans des médicaments, des
produits cosmétiques, des produits alimentaires, des produits biocides ainsi que dans d’autres produits de
consommation courante, ou même en tant que parfums d’ambiance.
HE et alimentation
Les HE sont le plus souvent utilisées pour aromatiser les aliments. Les arômes destinés à être utilisés dans les denrées alimentaires sont réglementés par la directive 88/388/CEE du 22 juin 1988 relative au rapprochement des législations des Etats membres dans le domaine des arômes destinés à être employés dans les denrées alimentaires et des matériaux de base pour leur production. Les HE sont concernées par ce texte et, de ce fait, leur usage peut être limité dans les denrées alimentaires.
La Directive du Conseil 88/388/CEE du 22 juin 1988, modifiée par le Règlement 1882/2003, définit :
- les différentes catégories d'agents d'aromatisation : substances aromatisantes naturelles, identiques
aux naturelles et artificielles, préparations aromatisantes, arômes de fumée, arômes de transformation
(les HE sont des préparations aromatisantes).
- les règles d'étiquetage des arômes et en particulier l'emploi du terme « naturel » pour la classification
des substances aromatisantes et des préparations aromatisantes.
- les critères généraux de pureté : article 4-a) : teneurs maximales en métaux lourds,
annexe I : teneurs maximales en certaines substances indésirables présentes dans les
denrées alimentaires consommées en l'état et dues à l'utilisation des arômes (3-4
benzopyrène)
annexe II : teneurs maximales en certaines substances provenant des arômes ou d'autres
ingrédients alimentaires ayant des propriétés aromatisantes et présentes dans les
denrées alimentaires telles qu'elles sont consommées et dans lesquelles des arômes ont
été utilisés.
Les annexes I et II sont des listes de substances interdites d'emploi direct mais dont la présence est tolérée
avec limitation dans les denrées alimentaires aromatisées du fait de l'emploi d'aromatisants naturels tels que
les HE. Cette liste comprend notamment des substances qui peuvent être présentes dans les HE : bêta
asarone, coumarine, acide cyanhydrique, pulégone, safrole, alpha et bêta thuyones.
Le Conseil de l'Europe a émis des recommandations relatives à l'emploi de sources de matières aromatisantes
naturelles.
Le "Livre bleu" 3ème édition "Substances aromatisantes et substances aromatisantes d'origine naturelle »
publié en 1981 comporte :
- une liste de « principes actifs » à limiter dans les denrées alimentaires ;
- une liste de sources de matières aromatisantes naturelles avec indication des principes actifs qu'elles
contiennent ;
- une liste de sources toxicologiquement inacceptables.
Pour la 4ème édition, volume II (matières aromatisantes naturelles), le Comité d'experts sur les matières
aromatisantes a prévu l'examen de plus de 600 sources de matières aromatisantes. Un premier rapport
portant sur 101 sources naturelles a été publié en 2000. Un second rapport relatif à 70 sources est paru en
2000 et 2007 tandis qu'un rapport sur les « principes actifs » (« Active principles (constituents of toxicological
concern) contained in natural sources of flavourings ») est paru en 2006.
HE : CRITERES DE QUALITE
La sécurité d’emploi des produits cosmétiques contenant des HE est en grande partie liée à la qualité des matières premières mises en oeuvre et à la formulation du produit fini. Les caractéristiques physiques, organoleptiques, chimiques et chromatographiques des HE sont définies sur le plan français par des normes établies par l’AFNOR [6], élaborées par une commission spécifique (T 75 A). La plupart de ces normes sont reprises sur le plan mondial pour devenir des normes ISO. Le groupe de travail responsable de ces normes est le groupe ISO TC 54.
1) Matières premières végétales
Les matières premières végétales utilisées pour produire des HE sont en principe des plantes ou parties de
plantes qui sont à divers états de siccité (forme sèche, flétrie, fraîche).
a. Dénomination botanique
L’origine végétale du produit doit être définie avec précision par la dénomination scientifique botanique selon
les règles linnéennes.
Le nom international d’une plante, exprimé en latin, comprend le nom de genre, suivi du nom d’espèce, ainsi
que de l’initiale ou de l’abréviation du botaniste qui, le premier, a décrit la plante en question. Eventuellement, il
est complété par celui de la sous-espèce ou de la variété. La famille botanique est généralement précisée.
La précision de cette dénomination est importante et des différences au niveau de la composition chimique
peuvent apparaître en fonction de l’origine botanique [7] :
Au niveau du genre
On peut citer par exemple le genre Lavandula ou Mentha.
Au niveau de l’espèce et des sous-espèces
Deux espèces ou sous-espèces très voisines, appartenant au même genre, peuvent donner des HE de
composition chimique différente.
Exemple d’espèces : lavande vraie (Lavandula angustifolia Mill.) et lavande aspic (Lavandula latifolia Medik.).
Exemple de sous-espèces : bergamote (Citrus aurantium L. ssp bergamia (Wight & Arnott) Engler) et orange
amère (Citrus aurantium ssp aurantium L.).
Dans la majorité des cas, chaque espèce présente un profil chimique original mais il arrive aussi que deux
espèces soient sources d‘HE de compositions très proches.
Exemple : anis vert (Pimpinella anisum L.) et badiane de chine (Illicium verum L.).
Au niveau de la variété
Au sein d’une même espèce, il peut exister des variétés donnant des HE de compositions différentes.
Exemple : l’espèce basilic (Ocimum basilicum) est morphologiquement et chimiquement très hétérogène et se
subdivise en de nombreuses variétés difficiles à différencier (O. basilicum var. basilicum, O. basilicum var.
difforme Benth., O. basilicum var glabratum Benth….)
b. Conditions de production de la plante
Les matières premières végétales sont obtenues à partir de plantes de collecte ou de plantes cultivées, ces
dernières pouvant être issues de semis ou de bouturage.
Les conditions de culture, de récolte, de séchage, de fragmentation, de stockage ont une action déterminante
sur la qualité des végétaux.
Les matières premières végétales sont, dans la mesure du possible, exemptes
d’impuretés telles que la terre, la poussière, les souillures, ainsi que les infections fongiques ou une
contamination animale. Elles ne présentent pas de signe de pourriture ou d’endommagement.
L’état sauvage ou les conditions de culture, ainsi que les facteurs environnementaux jouent un rôle non
négligeable, à la fois sur les aspects qualitatifs mais aussi quantitatifs des constituants élaborés par la plante.
Ainsi, faudra-t-il veiller à ce que le maximum de renseignements concernant l’origine géographique et les
conditions environnementales d’obtention et de production (utilisation de pesticides par exemple) soient
disponibles.
D’autres paramètres comme le lieu exact de la culture, l’altitude, la nature et le degré de
fertilisation du sol, le caractère sauvage ou cultivé de la plante, son stade de végétation sont à prendre en
compte.
Les poussées de biosynthèse engendrent au cours du temps (saisons, mois, voire journées) une accumulation
plus ou moins importante de certains métabolites.
Ainsi, la notion de chronobiologie peut ici être appliquée à la plante et explique en partie les modalités
traditionnelles en matière de cueillette liées à certaines époques, voire à certaines périodes du calendrier. Des
études scientifiques ont permis de définir le moment optimal de la récolte.
Pour assurer une bonne conservation, c’est-à-dire favoriser l’inhibition de toute activité enzymatique après la
récolte, il faut éviter la dégradation de certains constituants ainsi que la prolifération microbienne, la distillation
immédiate ou un séchage soigneux étant les deux procédés utilisés.
Dans le cas où des traitements additionnels ont été utilisés, il est nécessaire de montrer qu’ils n’altèrent pas les
constituants de la plante et qu’ils ne laissent pas de résidus nocifs.
c. Partie de la plante utilisée
Les HE n’existent quasiment que chez les végétaux supérieurs. Les genres capables d’élaborer les
constituants qui composent les HE sont répartis dans un nombre limité de familles. (ex : Apiaceae, Asteraceae,
Cupressaceae, Lamiaceae, Lauraceae, Myrtaceae, Poaceae, Rutaceae, etc.).
Les HE peuvent être accumulées dans tous les types d’organes végétaux par exemple des fleurs (oranger,
rose, lavande) mais aussi des feuilles (citronnelle, eucalyptus, laurier noble) et, bien que cela soit moins
habituel, dans des écorces (cannelier), des bois (bois de rose, camphrier, santal), des racines (vétiver), des
rhizomes (curcuma, gingembre), des fruits secs (anis, badiane, persil), des graines (muscade).
Si tous les organes d’une même espèce peuvent renfermer une huile essentielle, la composition de cette
dernière (qualitative et quantitative) peut varier selon sa localisation dans la plante.
La biosynthèse et l’accumulation des molécules aromatiques sont généralement associées à la présence de
structures histologiques spécialisées (cellules à essence, poches sécrétrices, canaux sécréteurs …), souvent
localisées sur ou à proximité de la surface de la plante
d. Précision du chimiotype (ou chémotype)
Pour une même espèce botanique, il peut exister plusieurs races chimiques ou chimiotypes qui trouvent leur
origine dans de légères différences des voies de biosynthèse, aboutissant à l’accumulation de métabolites
secondaires différents.
Ce phénomène a été bien étudié pour le thym, Thymus vulgaris L. pour lequel on distingue au moins 7
chimiotypes différents en fonction du constituant principal de l’huile essentielle [10] : alpha-terpinéol, carvacrol,
cinéole, géraniol, hydrate de sabinène, linalol, thymol…
Il est donc indispensable, pour certaines HE, de bien préciser le chimiotype car il peut conditionner l’activité
et/ou la toxicité.
e. Identification
L’identité de la matière première initiale (plante ou partie de plante) est indispensable pour assurer la
traçabilité.
Cette identité peut être assurée soit par des certificats ou des engagements du fournisseur soit au moyen de
l’une ou plusieurs des techniques décrites ci-après :
- caractères botaniques macroscopiques avec une description permettant une identification rapide de la
drogue végétale ;
- caractères botaniques microscopiques : l’examen microscopique de la drogue végétale, permet de
rechercher et d’identifier les caractères spécifiques ou dominants.
Cet examen permet de repérer
éventuellement la présence d’éléments étrangers.
-
chromatographie sur couche mince ou chromatographie en phase gazeuse : le chromatogramme de la
solution à examiner obtenue par extraction est comparé à celui d’une solution témoin comportant de
préférence 2 substances de référence (CCM) ou à un profil chromatographique (CPG).
La
caractérisation du chémotype (par exemple pour le thym), se fera après identification du ou des
constituants majoritaires dans les HE analysées.
Eventuellement, une ou plusieurs réactions colorées caractéristiques pourront figurer parmi les essais
d’identification.
Les essais types figurant dans l’analyse des plantes peuvent comprendre la détermination des cendres totales,
la perte à la dessiccation ou la teneur en eau (déterminée par entraînement) dans le cas des plantes riches en
HE ou les métaux lourds.
Les autres critères de qualité se rapportent aux résidus de pesticides et à la qualité microbiologique (nombre et
types de microorganismes).
2) Huiles essentielles
a. Mode d’obtention de l’huile essentielle
Le choix de la technique dépend principalement de la matière première : son état originel et ses
caractéristiques, sa nature proprement dite.
Le rendement « HE/matière première végétale » peut être
extrêmement variable selon les plantes : de 150 ppm8 à plus de 20%9.
Ce choix conditionne les caractéristiques de l’HE, en particulier : viscosité, couleur, solubilité, volatilité,
enrichissement ou appauvrissement en certains constituants et utilisations et applications.
Entraînement à la vapeur d’eau
L’entraînement à la vapeur d’eau correspond à la vaporisation en présence de vapeur d’eau d’une substance
peu ou pas miscible à l’eau. La matière première est mise en présence d’eau portée à ébullition ou de vapeur
d’eau dans un alambic. La vapeur d’eau entraîne la vapeur d’huile essentielle qui est condensée dans le
réfrigérant pour être récupérée en phase liquide dans un vase florentin (ou essencier) où l’huile essentielle est
séparée de l’eau par décantation.
On appelle « eau aromatique » (à ne pas confondre avec eau aromatisée) ou « hydrolat » ou « eau distillée
florale » le distillat aqueux qui subsiste après l’entraînement à la vapeur d’eau, une fois la séparation de l’huile
essentielle effectuée.
Distillation sèche
L’huile essentielle est obtenue par distillation des bois, écorces ou racines, sans addition d’eau ou de vapeur
d’eau.
Expression à froid
Ce mode d’obtention ne s’applique qu’aux fruits d’agrumes (Citrus spp.) par des procédés mécaniques à
température ambiante.
Le principe de la méthode est le suivant : les « zestes » sont dilacérés et le contenu des poches sécrétrices qui
ont été rompues est récupéré par un procédé physique. Le procédé classique consiste à exercer sous un
courant d’eau une action abrasive sur toute la surface du fruit. Après élimination des déchets solides, l’huile
essentielle est séparée de la phase aqueuse par centrifugation.
La plupart des installations industrielles permettent en fait la récupération simultanée ou séquentielle des jus de
fruits et de l’huile essentielle.
b. Caractères physico-chimiques
Les HE sont habituellement liquides à température ambiante et volatiles, ce qui les différencie des huiles dites
fixes. Elles sont plus ou moins colorées et leur densité est en général inférieure à celle de l’eau. Elles ont un
indice de réfraction élevé et la plupart dévient la lumière polarisée.
Elles sont liposolubles et solubles dans les solvants organiques usuels, entraînables à la vapeur d’eau, très
peu solubles dans l’eau.
Elles sont composées de molécules à squelette carboné, le nombre d’atomes de carbone étant compris entre 5
et 22 (le plus souvent 10 ou 15).
Les HE sont des mélanges complexes de constituants variés en concentration variable dans des limites
définies. Ces constituants appartiennent principalement mais pas exclusivement à deux groupes caractérisés
par des origines biogénétiques distinctes : les terpénoïdes et les substances biosynthétisées à partir de l’acide
shikimique (donnant naissance aux dérivés du phénylpropane).
c. Identification et analyses chromatographiques
L’analyse des HE, l’identification des constituants, la recherche d’éventuelles falsification peuvent se faire à
l’aide de techniques telles que la chromatographie en phase gazeuse sur phases stationnaires polaires,
apolaires ou chirales, couplée avec une détection par spectrométrie de masse ou IRTF (Infrarouge à
transformée de Fourier). L’analyse isotopique, par exemple la mesure des rapports 13C/12C, D/H10 ou 18O/16O
peut aussi contribuer à la recherche de fraudes.
La bibliographie [11 à 20] illustre certaines des techniques les
plus récentes, en particulier pour la recherche et le dosage des molécules réputées allergènes (annexe III de la
directive 2003/15/CE sur les produits cosmétiques).
Cependant, en routine et selon les référentiels classiques (Pharmacopée Européenne, ISO, AFNOR),
l'évaluation de la qualité des HE est réalisée par la mesure d’un certain nombre d’indices et des analyses
chromatographiques simples :
- indices physiques : densité relative, indice de réfraction, angle de rotation optique, point de
solidification, résidu d’évaporation, solubilité dans l’alcool …
- indices chimiques : indice d’acide, indice d'esters, indice de peroxyde…
- analyses chromatographiques : chromatographie sur couche mince, chromatographie en phase
liquide à haute performance (CLHP) dans le cas des furocoumarines dans les HE de Citrus,
chromatographie en phase gazeuse (Pharmacopée, ISO, AFNOR) : c’est la méthode de choix qui
permet de réaliser le profil chromatographique de l’huile essentielle.
Le profil chromatographique d’une huile essentielle, réalisé dans des conditions précises (colonne capillaire,
injection en mode split ou splitless, détecteur à ionisation de flamme, opération préalable de qualification de
l’installation par un mélange test de 9 composés), permet d’obtenir une estimation reproductible des teneurs en
différents composés caractéristiques de l’échantillon par une méthode de normalisation.
Toutefois, cette estimation est basée sur les pourcentages relatifs des aires des pics des constituants (méthode de
normalisation) et ne constitue donc pas un dosage au sens strict de chacun des constituants.
Dans le cas d’un produit fini contenant une huile essentielle parmi d’autres composants, le dosage des
constituants à prendre en compte repose sur la méthode d’étalonnage nécessitant l’injection d’une solution de
référence contenant chacun de ces constituants à des concentrations connues.
d. Conditions de conservation et de stockage
La relative instabilité des molécules constitutives des HE implique des précautions particulières pour leur
conservation. En effet, les possibilités de dégradation sont nombreuses, facilement objectivées par la mesure
d‘indices chimiques (indice de peroxyde, indice d’acide…), par la détermination de grandeurs physiques (indice
de réfraction, pouvoir rotatoire, miscibilité à l’éthanol, densité…) et/ou par l’analyse chromatographique.
Les
conséquences sont multiples par exemple, photo-isomérisation, photocyclisation, coupure oxydative,
peroxydation et décomposition en cétones et alcools, thermo-isomérisation, hydrolyse, transestérification.
Ces dégradations pouvant modifier les propriétés et /ou mettre en cause l’innocuité de l’huile essentielle, il
convient de les éviter : utilisation de flacons propres et secs en aluminium vernissé, en acier inoxydable ou en
verre teinté anti-actinique, presque entièrement remplis et fermés de façon étanche (l’espace libre étant rempli
d’azote ou d’un autre gaz inerte), stockage à l’abri de la chaleur et de la lumière.
Dans certains cas, un antioxydant approprié peut être ajouté à l’huile essentielle. Dans ce cas, cet additif est à
mentionner lors de la vente ou l’utilisation de l’huile essentielle.
Par ailleurs, des incompatibilités sérieuses peuvent exister avec certains conditionnements en matières
plastiques.
Il existe des normes spécifiques sur l’emballage, le conditionnement et le stockage des HE (norme AFNOR NF
T 75-001, 1996) ainsi que sur le marquage des récipients contenant des HE (norme NF 75-002, 1996).
Recommandations :
Ces recommandations sont destinées à attirer l’attention des acteurs de la filière des HE (producteurs d’HE,
fabricants de produits cosmétiques) sur le fait que les HE ne doivent pas être considérées comme des
ingrédients courants mais comme des substances particulières non dénuées d’effets secondaires.
Les HE utilisées depuis des siècles en cosmétique présentent souvent des propriétés biologiques
intéressantes. Cependant, certaines d’entres elles peuvent révéler une toxicité qui peut être redoutable en
raison de leur passage par voie transdermique et de leur impact sur certaines cibles de l’organisme.
Les utiliser
à bon escient est de règle, et la question de l’évaluation du risque lié à leur emploi se pose. Certes, le recul
d’utilisation est un facteur sécurisant qui doit être pris en compte au même titre que les nombreuses
publications scientifiques disponibles, mais celles-ci ne décrivent bien souvent que la toxicologie de l’un ou
l’autre des constituants à l’état pur des HE. Peu de travaux toxico-cliniques de valeur ont été effectués avec
des HE dont le profil chimique complexe avait été préalablement déterminé avec précision.
Bien que les HE soient destinées à être utilisées sous forme diluée dans les produits cosmétiques,
certaines, mises non diluées à la disposition du public, peuvent par mésusage être utilisées telles quelles et
s’avérer toxiques en particulier chez l’enfant. Il est donc impératif d’attirer l’attention sur les effets résultant
d’une utilisation incontrôlée. Les effets secondaires sont d’autant plus à prendre en compte qu’il existe un
risque de banalisation de tels usages favorisé par la dénomination « produits naturels ».
De plus, ces HE
présentent des paramètres de variabilité majeurs fort nombreux et chacun d’entres eux peut modifier
considérablement leurs profils chimiques et donc accroître le risque de toxicité.
C’est la raison pour laquelle la notion d’HE a dû être préalablement clairement définie eu égard à leur mode
d’obtention qui conditionne en premier lieu un profil chimique particulier.
Les critères de qualité définis pour chaque HE sont eux aussi primordiaux et spécifiques à ce type
d’ingrédients. De cette qualité dépend celle du produit fini et en particulier son innocuité.
Enfin, il est rappelé que la présence d’HE dans un produit cosmétique ne doit pas atteindre des concentrations
seuils qui confèreraient à ce produit la qualification de médicament au sens de la définition du Code de la
Santé Publique (Article L.5111-1).